Retrouvez leurs projets inspirants à l’occasion de la Conférence de Thione Niang, entrepreneur social et icône internationale sénégalaise.
Invité par Monsieur le Consul du Sénégal à Marseille, Son Excellence Abdourahmane Koita, le célèbre entrepreneur à succès sénégalais M. Thione NIang est intervenu à Marseille le mardi 17 janvier au World Trade Center, devant des membres de la diaspora sénégalaise et africaine. Devant une salle comble, l’enfant de Kaolack a échangé avec le public des heures durant, retraçant ses souvenirs, expériences, travaux en cours et espoirs pour son pays et son continent, auquel il est pleinement dévoué. De sa migration aux Etats-Unis qui l’a propulsé dans le cabinet de Barack Obama à son retour au pays pour y développer les JeufZone Farm, l’entrepreneur social nous a partagé son espoir dans la jeunesse africaine et sénégalaise, mais aussi ses inquiétudes pour le continent qui fait face à des problématiques qui s’intensifient à force d’inaction ou de mauvais choix.
Cette rencontre a également été l’occasion de donner la parole à des membres de la diaspora ayant des parcours exemplaires en France. EMERGING Valley vous propose aujourd’hui un retour sur cette rencontre riche en personnalités, parcours inspirants et échanges.
“Si tu veux planter une graine, et être sûr qu’elle soit florissante, plante là dans la tête de la jeunesse” Saïdou Abatcha
Pour ouvrir officiellement la conférence, l’humoriste peul natif du Cameroun, Saidou Abatcha, nous a fait l’honneur de multiplier ses récits de vie, blagues et anecdotes. Celui qui, selon ses dires, était différent de ses camarades, frères et sœurs ou encore amis étant jeune a trouvé sa place, montrant par sa présence que la différence est une force. Enchaînant sur divers adages sénégalais, du haut de son âge que l’on taira, ce sage du langage a tout bonnement mis en avant cette jeunesse dont il a grand espoir. Appelant celle-ci à user de sa réflexion face au monde, il s’appropriera, non sans rappeler l’adage de Rabelais, “Science sans esprit et jugeote n’est que ruine de l’âme”, se souciant de cet enseignement que l’on donnera à cette jeunesse plurielle et nombreuse. Non sans faire écho à l’activité de Monsieur Niang, M. Abatcha souligna qu’il faut inculquer des idées à la jeunesse à la manière dont on planterait une graine, mais pour être sûr qu’elle soit florissante, il faut s’assurer de la planter et de pouvoir la récolter.
Un évènement initié par les politiques et opérateurs du territoire
Introduits par Madame Bineta Wagué, conseillère au consulat et ancienne présentatrice de programmes télévisés au Sénégal, les mots de M. le Consul, accompagné de Didier Parakian, vice-président à la Métropole et de Denis Bergé, Délégué Général d’AfricaLink, ont permis de dresser les premiers constats sur les sujets de la jeunesse en Afrique. La jeunesse en Afrique subsaharienne représente 70% de la population, et cette même jeunesse est pour 70%, sans emploi. Néanmoins, le continent reste le territoire de tous les possibles, notamment en termes de développement et de croissance. M. le consul l’a rappelé, les 6 taux de croissance les plus élevés d’avant crise sanitaire étaient africains, le développement dépend donc des africains, conscients aujourd’hui qu’une diversification de leurs partenaires est cruciale, pour trouver des solutions adaptées, avec le concours d’une jeunesse consciente. Il paraît donc indispensable de développer cet axe des relations Afrique-Europe, et puisque, comme M. Koita l’a rappelé, Marseille et Dakar sont des villes jumelées depuis 1958, un destin partagé semble se profiler entre ces territoires pour relever les défis à venir.
Trouver un esprit de partenariat gagnant-gagnant, voilà l’objectif de ces rencontres, souligné par M. Parakian : “Nous avons plus besoin de l’Afrique que l’Afrique a besoin de nous”, c’est pour cela que Marseille, carrefour naturel de cette relation, entend se positionner comme caisse de résonance de cette amitié au destin partagé. Denis Bergé soulignera également que 40% de la jeunesse dans le monde est aujourd’hui africaine, ceci représente le moteur fondamental de la croissance de demain. C’est donc aux européens de bouleverser leur approche envers l’Afrique, de créer de l’emploi et des entreprises en Afrique pour créer de la valeur et de l’impact, et inversement. Il faut alors créer et souder cette communauté de destin, qui amènera avec elle un réseau de communication et de coopération qui sera à la hauteur des continents américain et asiatique.
La diaspora sénégalaise et africaine, créatrice de personnalités qui fondent des réussites
Durant une plénière préliminaire à l’arrivée de monsieur Niang, madame Wagué a eu l’honneur d’introduire Maty Diouf, adjointe au Maire de Nice chargée de la Lutte contre les discriminations, du Droit des Femmes, des Solidarités Internationales et de l’Action Humanitaire, Samba Traoré, co-fondateur de la chaîne de restaurant O’Tacos, le docteur Doudou Tamba, fondateur de Tamba Labs, Allaoui Abdallah, Directeur général Newman Formaction et Président de la Chambre de Commerce des Comores ainsi que Samir Abdelkrim, fondateur d’EMERGING Valley. Ces intervenants ont pu lors de cette session, présenter leurs parcours et expériences, en exprimant leurs réussites et chantier en cours. EMERGING Valley vous propose un témoignage sur ces interventions inspirantes.
Depuis 2008, Maty Diouf opère à la Mairie de Nice aux côtés de Christian Estrosi, ville où elle a grandi et fait ses études. Après 3 ans en tant qu’adjointe déléguée à la Lutte contre les discriminations, au Droit des femmes, aux Actions humanitaires et aux Solidarités internationales, elle a fait le constat que tout restait à faire sur les sujets d’inclusion sociale à la municipalité. Douze ans plus tard et de par ses nombreuses initiatives portées auprès de Monsieur Estrosi, telle que la signature de la Charte de la Diversité, madame Diouf a su faire bouger les lignes pour plus d’inclusion, faisant de Nice une véritable capitale méditerranéenne, avec le vivre ensemble pour objectif. Elle souligna également que les politiques se doivent de faire le trait d’union pour la coopération de tous les acteurs économiques et associatifs d’un territoire, saluant également l’esprit de coopération entre tous les acteurs par ces mots : “L’économie est la fille aînée de la politique, elle doit s’inspirer du chemin pris pour créer de nouvelles voies.”
Autre parcours exemplaire, celui de monsieur Allaoui Abdallah, enfant marseillais ayant grandi à la Castellane, il part faire ses études en Angleterre, une fois diplômé et constatant que certaines choses s’étaient aggravées depuis son départ, il décide d’emprunter le chemin associatif en créant l’association “Unis pour un second souffle” en 2015. En un an d’existence, cette association a permis de guider 120 jeunes vers une formation et un emploi. Fort de cette expérience, il décida de créer en 2018 The Newman Project, qui forme et coache les jeunes marseillais. Convaincu que l’émergence et le dépassement de soi passe par un travail collectif, il décide de réunir la diaspora Comorienne, en créant en juillet dernier la chambre de Commerce Comorienne pour fédérer tous les acteurs qui travaillaient jusqu’alors en autonomie sans se connecter entre eux. Avec son parcours et un entourage solide et fidèle, Monsieur Abdallah a partagé ses espoirs et a félicité l’action de toutes les associations marseillaises et les opérateurs qui œuvrent à l’inclusion sur le territoire, tels que Les Déterminés, la Synergie Family ou encore la radio RK13.
Ce panel a également eu l’honneur de compter parmi ses participants, Monsieur Samba Traoré, co-fondateur de la chaîne de restauration O’tacos. De la création de son premier restaurant avec son frère et deux associés à leur déploiement rapide sur l’Hexagone et à l’international, le lyonnais revient sur ces années où les sacrifices et l’adaptation permanente faisaient son quotidien. Passer de un à deux restaurants, voici le plus grand tour de force qu’ont réussi ces associés qui ont dû se confronter aux réalités entrepreneuriales. Marketing, communication, stratégie et franchises, tout s’est rapidement accéléré pour ces deux frères qui ont bâti un empire de plus de 320 restaurants à l’heure actuelle. Ayant vendu leur chaîne de restauration en 2018, Samba Traoré et son frère essaient aujourd’hui d’inspirer au maximum pour que les porteurs de projets puissent emprunter le chemin entrepreneurial : “Ce qui développe l’économie aujourd’hui est l’entreprise. On développera l’Afrique si on se base sur des personnes qui fondent des réussites” a lancé l’entrepreneur en ajoutant que les qualités principales d’un entrepreneur sont “l’amour, la volonté, la mentalité, la pugnacité et l’ouverture d’esprit”.
Comme exemple de réussite d’un entrepreneur marseillais qui opère une percée sur le continent africain, plus particulièrement au Sénégal, c’est le lauréat du concours Provence Africa Connect 2021, Doudou Tamba, qui a à son tour partagé son expérience. Originaire de Casamance, le docteur en phytothérapie et ethnopharmacologie a fait ses études au Sénégal, déplorant l’étude des plantes européennes durant son cursus, il propose aujourd’hui des compléments alimentaires, répulsifs anti-moustiques, matrices cellulaires ou encore pièges anti-mouches et baumes cicatrisants à partir de plantes du Sénégal et de savoirs ancestraux. Installé au technopôle de l’Arbois, Doudou Tamba évolue entre le Sénégal et la Provence. M. Tamba affirme que c’est le moment de s’inspirer des connaissances traditionnelles pour donner de la valeur et créer des produits à forte empreinte africaine. Néanmoins, il s’inquiète de la perte de santé générée par le développement dans toutes les régions du globe, avec la progression des maladies psychosomatiques. M. Tamba affirme donc que le continent africain doit s’inspirer de ses propres valeurs pour éviter de rendre malade sa population.
Avec l’intervention de Samir Abdelkrim, fondateur d’EMERGING Valley, les membres de la diaspora ainsi que les intervenants ont pu prendre connaissance de toutes les avancées opérées depuis 2017 à Marseille pour renforcer les relations entre l’Afrique et l’Europe. C’est en Afrique que les questions de souveraineté doivent être soulevées, avec l’apport du numérique et du digital et l’amélioration des infrastructures électriques et de la couverture internet, affirme ainsi Monsieur Abdelkrim, et l’Afrique va pouvoir depuis ce socle opérer son développement de manière plus sûre. « Entre Dakar et Marseille, une vraie coopération peut se mettre en place dans le secteur de la souveraineté alimentaire, et le digital et l’entrepreneuriat des jeunes peuvent être les ambassadeurs de cette nouvelle dimension. Rendez-vous dès novembre 2023 à Marseille pour la prochaine édition d’EMERGING Valley, où nous parlerons notamment d’Agritech, et nous mettrons en avant davantage de startups sénégalaises encore, pour innover ensemble » C’est sur ces mots et cette main tendue vers Thione Niang pour sa participation à la 7ème édition d’EMERGING Valley que cette première session d’échanges toucha à sa fin.
Être leader par l’exemplarité, récit d’un éternel optimiste
Dans le cadre de son Afro Global Tour 2023, Monsieur Niang compte faire la rencontre de toute la diaspora sénégalaise et africaine à travers le monde, c’est donc tout naturellement qu’il a répondu présent à l’invitation de monsieur le Consul Général du Sénégal Abdourahmane Koita. Après avoir remercié tous les acteurs présents sur place, Monsieur Niang a effectué une brève présentation de ses différents projets, en passant par la création de ces JeufZone Farms et son engagement dans la Akon Lighting Africa, l’éternel optimiste s’en est remis au public pour une session de 3h de questions/réponses, selon un format vivant et interactif.
Comme première question, faisant écho à la thématique de la soirée, un membre de la diaspora demanda à Monsieur Niang les qualités d’un bon leader : “Ce qui me préoccupe le plus, ce sont les solutions que l’on peut apporter au Sénégal, comment inspirer d’autres jeunes qui demain vont faire plus que moi ? Et surtout comment rendre cela accessible pour les jeunes …Le leadership c’est déjà être dirigé par son exemplarité. Et surtout, un leader doit créer et emporter avec lui toute une nouvelle génération de leaders.”
Rendre l’agriculture attractive pour la jeunesse à travers les Jeuf Zone Farm
Avec ce projet phare depuis son retour au pays, l’enfant de Kaolack a pris les choses en mains pour améliorer la vie des populations sur place. Reposant sur un modèle strict et rigoureux, la Jeuf Zone est une plateforme de produits agricoles qui réunit toutes les exploitations de Monsieur Niang, exploitations où se sont réunis des jeunes qui bien souvent sont orphelins ou esseulés, grâce à des complexes attrayants, composés de terrains de baskets, foot et autres activités, cet environnement accueillant et formateur permet une bonne insertion de ces jeunes sur ces zones en leur offrant un cadre de travail stimulant. En plus des activités agricoles et sportives, l’accent est mis sur l’apprentissage du français, de l’anglais et du Coran, savoirs indispensables selon Monsieur Niang. Il inclut également les femmes dans ces processus de production, notamment dans la transformation des produits agricoles. En sillonnant le pays, Thione Niang s’est rendu compte que ces actions ne sont pas encore suffisantes, il entend étendre ces exploitations et en créer d’autres, pour sortir de la misère les femmes ainsi que les jeunes de ces zones souvent délaissées par les politiques centrales.
Être leader par l’exemplarité, récit d’un éternel optimiste
Lors des échanges, est venue une question évidente sur le Franc CFA qui, selon Thione Niang, est un non-sens complet. Mais pour le contrer et changer le système en place, il faut que l’Afrique se dote de places financières fortes, capables d’amener avec elles des monnaies souveraines ou une monnaie commune africaine. Monsieur Niang compte sur la mobilisation de la diaspora qui a pu augmenter son niveau de vie pour leur contribution humaine et économique, pour faire du Sénégal et de l’Afrique un continent autonome sur les questions monétaires et financières. Une intervention du public a particulièrement frappé l’entrepreneur social “Cette décennie va amener avec elle des milliards ainsi que des milliardaires provenant du continent africain, comment puis-je en faire partie ?” Monsieur Niang, partage ce constat que ce train est effectivement en route, néanmoins il appelle à la responsabilité de chaque africain pour redistribuer plus justement ces richesses et ne pas tomber dans l’orgueil et la cupidité qui ont pu ronger les systèmes occidentaux. Le principal problème selon lui réside dans la fuite des capitaux et des richesses, qu’elles soient humaines ou matérielles.
Tester, former et transmettre son savoir, messages aux entrepreneurs de la diaspora
Pour clôturer ce moment d’échanges, Monsieur Niang a pris le temps d’adresser des messages aux entrepreneurs de la diaspora et aux opérateurs qui œuvrent auprès de ceux-ci. Il insista sur le fait de tester le plus rapidement possible ses idées, en adressant directement les solutions trouvées au marché, notamment sur les produits à forte empreinte africaine. Niang indiquera également l’importance du partage du savoir et de ne pas hésiter à former les jeunes, dès que l’on peut, pour plus d’impact et de retombées positives.
Cette rencontre a permis à chacun de sortir inspiré et plein d’énergie, prêts à redoubler d’effort pour faire du Sénégal et de l’Afrique le continent d’avenir et du développement positif.
C’est sur une prestation de Talima, finaliste de The VoiceKids que les membres de cette rencontre ont pu continuer cette soirée riche en échanges et networking, avec notamment la présence d’Argenlivre, d’Afro Global Connect et des représentants de Jeuf Zone Farm ainsi que de l’organisation Les Déterminés.