Grand rendez-vous annuel des acteurs de la Tech Afrique-Europe, le Sommet international EMERGING Valley s’adresse aux écosystèmes entrepreneuriaux de la Tech et de l’innovation organique d’Afrique, de Méditerranée et d’Europe. Le 14 décembre prochain, startups, décideurs publics, grands groupes, investisseurs, tech hubs, institutions internationales publiques et privées issus de plus de 70 pays, se rencontreront à Marseille pour présenter des solutions disruptives apportées par les startups africaines, échanger sur l’impact de la tech africaine dans le monde et préparer le rebond Post-pandémie tout en continuant de renforcer le partenariat Afrique-Europe.
Aujourd’hui, EMERGING Valley donne la parole à Charles Bwanika, CEO de Farm Kiosk, une startup ougandaise retenue dans la cohorte 2021 du programme d’accélération du Social & Inclusive Business Camp et qui participera à EMERGING Valley. Farm Kiosk relie les agriculteurs aux différents acteurs de la chaîne de valeur en utilisant un portail web et une application mobile qui les connectent aux marchés, aux fournisseurs de services d’agrobusiness, y compris les agronomes, et aux équipements agricoles à louer. Farm Kiosk opère également des mises en relation de jeunes sans terre avec les propriétaires désirant louer des terres arables.
Charles Bwanika, un entrepreneur social de nouvelle génération
Charles Bwanika est un entrepreneur social à impact de la nouvelle génération, passionné par l’idée de relever des défis positifs pour améliorer la vie des gens. Il est un militant chevronné des droits de l’enfant, un expert en développement communautaire expérimenté et qualifié, titulaire d’une licence en études du développement (BDS) et d’un diplôme en psychologie communautaire des universités de Ndejje et de Kyambogo, en Ouganda, respectivement. Il a également suivi de nombreuses formations professionnelles post-universitaires dans différents domaines, notamment les méthodologies de recherche, la protection de l’enfance, le leadership civil, la planification et la gestion de projets, le commerce et l’entrepreneuriat, etc.
« Si j'ai choisi l'entreprenariat, c’est parce que j’ai appris qu’il pouvait être un levier pour relever la plupart des défis les plus urgents de l’humanité, de l'éducation à la santé, en passant par la mobilité et la sécurité alimentaire. J’ai en effet pris conscience du fait que relever ces défis urgents nécessite un effort concerté et que l'entreprenariat est un moyen sûr d'y parvenir, car il rassemble divers acteurs de différents horizons. »
Charles est le fondateur et le PDG d’une entreprise à impact ayant développé une solution agritech – Farm Kiosk qui a pour mission de créer un espace agroalimentaire sans frontières en Ouganda et dans toute l’Afrique de l’Est. Il est également le cofondateur et le chef de la stratégie d’une organisation de la société civile – Giving Children Hope Initiative (GCHI). Avant de lancer les organisations/projets susmentionnés, Charles a travaillé pour Winsor Consult Development Consultants Ltd en tant qu’assistant de recherche junior en 2012.
Farm Kiosk, une entreprise sociale agritech mettant en relation les agriculteurs avec les différents acteurs de la chaîne de valeur à l’aide d’un portail web et d’une application mobile.
En Ouganda, l’agriculture représente environ 24% du produit intérieur brut (PIB), génère près de 48% des recettes d’exportation et fournit des moyens de subsistance directs et indirects à 80% des ménages. Avant la pandémie de COVID 19, on estimait que l’Ouganda dépensait au moins 35 millions de dollars US par an en importations alimentaires.
Charles Bwanika ajoute : « D’autre part, le dernier rapport analytique national de l’Ouganda de 2018 indiquait que les taux de chômage des jeunes et de sous-emploi des femmes étaient en hausse avec plus de 600 000 jeunes diplômés sur le marché du travail chaque année. Malheureusement, vous ne pouvez pas obtenir un emploi sans expérience et vous ne pouvez pas obtenir d’expérience sans emploi. De plus, en Ouganda, nous sommes naturellement dotés de 80 % de terres arables, classées en 10 zones agricoles, mais seulement 20 % de ces terres sont utilisées. Toutes ces statistiques effrayantes ont été récemment exacerbées par la pandémie de COVID 19. »
À propos de Farm Kiosk, Charles Bwanika déclare : « Notre solution est une plateforme inclusive avec un impact particulier sur les jeunes en âge de travailler (18-40 ans) et les femmes. Il est également crucial que ces femmes et ces hommes aient accès aux TIC, les utilisent et les contrôlent, car elles peuvent jouer un rôle essentiel pour surmonter les obstacles quotidiens qu’ils rencontrent en tant qu’agriculteurs, entrepreneurs et agents de développement pour leurs communautés. »
Car, en effet, les femmes sont l’épine dorsale du secteur agricole ougandais. Elles représentent 75 % de la main d’œuvre dans l’agriculture, pourtant seulement 7 % des femmes possèdent des terres selon le droit coutumier et pourtant dans la plupart des fermes ce sont les femmes qui labourent, plantent, désherbent et récoltent. Il convient de noter que dans les zones rurales de l’Ouganda, environ 32 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté national (UBOS 2016) et, une fois encore, toutes ces statistiques effrayantes ont été exacerbées par la pandémie de COVID 19.
Étant donné que les femmes sont déjà plus nombreuses dans le secteur de l’agriculture, Farm Kiosk cherche intentionnellement et stratégiquement à travailler avec les faits et les statistiques disponibles afin d’autonomiser et d’améliorer les moyens de subsistance des jeunes chômeurs et des femmes sous-employées tout en s’attaquant au triple fossé. Il s’agit d’une fracture numérique, rurale et de genre, qui a pour effet de reléguer les femmes rurales à la position la plus marginalisée lorsqu’il s’agit d’accéder aux TIC et de les utiliser.
Le rapport de la Banque mondiale Gender in Agriculture Sourcebook souligne le potentiel des TIC, lorsqu’elles sont utilisées en tenant compte de la dimension de genre, pour aider à combler ces fossés et à faire progresser les processus d’inclusion sociale, avec des résultats tangibles, notamment la réduction du fossé économique et social entre les femmes et les hommes.
Il est vrai que l’utilisation de solutions et d’applications TIC sensibles à la dimension de genre, combinées à des moyens traditionnels de communication et d’information basés sur les besoins et les attentes locales, peut contribuer de manière significative à l’amélioration de l’égalité des sexes, et donc à l’amélioration de la production agricole.
Entreprise sociale Agritech, Farm Kiosk propose des plateformes inclusives, via un un portail web et une application mobile, comblant le fossé numérique dans l’espace agroalimentaire en fournissant des services dans les liens avec le marché, la gestion de l’agronomie des cultures, les meilleures pratiques d’élevage, les approches agricoles intelligentes du point de vue climatique, la relation entre l’agribusiness et les TIC en Ouganda et à travers l’Afrique de l’Est. Parmi les problèmes que Farm Kiosk entend résoudre : le chômage des jeunes, le sous-emploi des femmes, la faible qualité de la production agricole, le manque de compétences numériques pour commercialiser en ligne, le manque d’informations commerciales, les faibles niveaux d’alphabétisation, le faible accès des petits exploitants agricoles aux technologies agricoles qui pourraient améliorer leurs capacités de production, ainsi que la réduction des pertes avant et après récolte grâce à un traitement et un stockage adéquats, etc.
« Notre idée innovante contribuera à la création d’un réseau de chaîne de valeur de services entre les acteurs du secteur, ce qui contribuera à son tour aux recettes publiques sous forme de taxes, à la conservation de l’environnement, effort que nous facilitons et préconisons par le biais d’approches agricoles intelligentes du point de vue climatique, mais aussi à l’amélioration des moyens de subsistance des personnes en créant 20 % d’opportunités d’emploi dans l’espace agroalimentaire directement pour les jeunes et les femmes dans 28 districts, soit 25 % des 92 districts qui constituent les 10 zones agricoles de l’Ouganda, tout en contribuant de manière significative à combler le fossé numérique dans le secteur d’ici 2030. En raison des perturbations de COVID 19, nous continuons à innover autour de notre solution. Dernièrement, nous avons intégré deux fonctionnalités dans notre plateforme : l’interface utilisateur en 10 langues locales pour permettre à nos clients cibles de naviguer sur notre plateforme dans leurs langues locales, mais aussi un partenariat avec l’une des entreprises de technologie météorologique à la croissance la plus rapide au monde (Tomorrow.io) pour intégrer des produits et des services de données météorologiques dans notre système. Nous utiliserons aussi un outil numérique pour aider les agriculteurs à accéder aux prévisions microclimatiques et à l’analyse des couches de données foncières pour une meilleure planification et gestion des exploitations agricoles », commente Charles Bwanika.
Farm Kiosk, l’une des 40 startups de la cohorte 2021 du Social & Inclusive Business Camp
Farm Kiosk est l’une des 40 startups qui ont intégré la cohorte 2021 du Social & Inclusive Business Camp. « Je voulais participer à un programme comme le SIBC parce que j’ai l’esprit ouvert et que je suis toujours prêt à acquérir de nouvelles compétences professionnelles qui auront un impact positif sur ma communauté à plusieurs égards. Surtout, après ma participation au SIBC, je savais que ma communauté compterait dans ses rangs un entrepreneur social technique plus compétent, qui, après avoir acquis les compétences et les connaissances du programme SIBC, devra transformer tout cela en une réalité interopérable ; de cette manière, je pense qu’à l’issue du programme SIBC, je posséderai les réseaux susceptibles de rassembler les ressources qui me permettront d’étendre mon innovation à une population plus large. En venant au SIBC, j’ai acquis l’expérience de travailler avec les communautés mal desservies et hors réseau de l’Ouganda, une expérience que chaque participant doit partager et qui m’aidera à obtenir le feedback et les meilleures pratiques des autres participants à partir de leur propre expérience et de leurs antécédents. »
EMERGING Valley, pour penser et créer plus grand !
Selon Charles Bwanika, il n’y a jamais eu de moment dans l’histoire qui convienne mieux aux jeunes entrepreneurs qu’aujourd’hui. Malgré tous les défis qui se présentent aux jeunes entrepreneurs, en particulier en Afrique, la pandémie les a placés dans une situation où le monde est plus ouvert aux débutants, aux innovateurs, aux inventeurs, aux personnes ayant des idées nouvelles et fraîches, aux personnes imaginatives qui ont la volonté et l’engagement de travailler pour un monde qui n’existe pas aujourd’hui, dans tous les domaines de la vie, de la santé à l’éducation en passant par l’agriculture. Charles Bwanica conclut : « Ce que j’attends de ma participation à EMERGING Valley est l’exploitation de connaissances techniques et pratiques mais aussi la création de partenariats avec des experts de secteurs spécifiques afin d’explorer les moyens de renforcer ma capacité à être plus agile et plus robuste, en particulier à l’ère post pandémique, si je veux que mon rêve de développer l’innovation devienne réalité, surtout en ces temps sans précédent. »
A propos d’EMERGING Valley
Créé en 2017 à Aix-Marseille-Provence, le nouveau Hub des innovations émergentes entre l’Europe et l’Afrique, EMERGING Valley est le sommet international qui attire en Provence les investisseurs, les startups africaines et les écosystèmes numériques africains et émergents qui veulent renforcer leur attractivité à l’internationale, développer leurs relations business et accélérer leur impact à l’échelle globale.