Le 6 décembre 2024 se tenait à Paris le sommet JNDA Bridge Africa, un événement coorganisé par ANIMA Investment Network et le Club des Bâtisseurs pour connecter l’Afrique à ses diasporas. EMERGING Valley a eu la chance d’être représentée à ce rendez-vous placé sous le signe de l’émergence de l’Afrique comme acteur majeur de l’économie mondiale.
Avec une croissance moyenne de 5 % au cours des quinze dernières années et des rendements attractifs sur les investissements directs, l’Afrique attire de plus en plus l’attention des investisseurs internationaux. La mise en place de la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAf) a également renforcé l’accès à un marché d’un milliard et demi d’habitants. Dans ce contexte d’innovation, ANIMA et le Club des Bâtisseurs ont lancé les JNDA Bridge Africa, une rencontre destinée à connecter l’Afrique à ses diasporas pour stimuler le dynamisme entrepreneurial et favoriser une transformation durable du continent.
Les diasporas au coeur de l’émergence africaine
L’événement a notamment souligné l’apport crucial des diasporas africaines dans le développement économique de leurs pays d’origine. En tant que premier bailleur de fonds de l’Afrique, les diasporas jouent un rôle central dans le financement de projets grâce aux remises, dons et autres transferts financiers désintéressés. Ces contributions, qui ne génèrent ni dette ni dépendance, permettent de soutenir des initiatives locales et de stimuler la croissance économique. Cependant, des obstacles tels que le coût élevé des transferts, une méconnaissance du marché local ou l’absence de cadre institutionnel freinent leur impact.
Pour lever ces freins, un accompagnement structuré est indispensable. De nombreuses solutions ont été mentionnées : création de liens directs entre la diaspora et les écosystèmes entrepreneuriaux locaux, mise en place de dispositifs facilitant le dépôt de fonds dans des banques transnationales, garantie sur la rentabilité des investissements… Des acteurs comme Enabel, Bpifrance ou encore la Tunisian Foreign Bank aspirent à jouer ce rôle.
Les diasporas comme vecteur d’un développement durable
Les tables rondes du sommet ont également exploré l’utilité des diasporas en tant que pont entre les économies européennes et africaines. Leurs liens personnels et historiques avec leurs pays d’origine permettent de transmettre les bonnes pratiques européennes tout en évitant de reproduire leurs erreurs. Cette dynamique contribue à poser les bases d’un développement durable et respectueux de l’environnement en Afrique
Comment entreprendre lorsqu’on peine à nourrir sa famille ? Face aux défis liés à la violence politique, aux ingérences étrangères et au changement climatique, les entrepreneurs africains ont su développer une résilience et une capacité d’innovation remarquables. L’Afrique devient un laboratoire mondial pour des solutions économiques viables ainsi que des pratiques responsables en matière de RSE. Le continent pourrait ainsi se positionner comme un leader du développement durable, à l’instar de son bond générationnel dans les technologies numériques.
Les industries culturelles et créatives, un secteur en pleine expansion
Comme l’a brillamment montré la table « rayonnement des industries créatives et culturelles : le soft power africain à la conquête du monde », ce potentiel se trouve également dans le domaine culturel. Cinéma, musique, animation et jeux vidéo suscitent un fort engouement, non seulement pour leur capacité à créer des emplois, mais aussi pour leur rôle dans le rayonnement des cultures africaines à l’échelle mondiale.
Le succès du film Black Panther (2018), a marqué un tournant en démontrant que la culture africaine pouvait non seulement être monétisée, mais également devenir rentable sur les marchés internationaux. Ce succès s’inscrit dans l’essor de l’Afrofuturisme, un mouvement qui place les africains au premier plan des récits de science-fiction, rompant avec les standards occidentaux où la modernité est traditionnellement incarnée par l’homme blanc. Ce mouvement est porté par une jeune génération affranchie d’une forme de “complexe d’infériorité” culturel, propre aux générations précédentes. Les jeunes africains prennent aujourd’hui conscience de la richesse et de la complexité de leur culture, encore largement méconnue à l’international. Fiers de cet héritage, ils sont convaincus qu’il a beaucoup à offrir au monde. Ils aspirent donc à voir leur histoire racontée par des africains et pour des africains.
Dans de nombreux médias, ce renouveau est porté par la digitalisation et l’arrivée des plateformes de contenu. Le développement des plateformes de streaming musical notamment, ont permis de décentraliser vers l’Afrique les productions culturelles : « on n’a plus besoin d’aller aux US pour rencontrer un producteur et se faire un réseau, c’est fini ça, on peut tout faire localement et diffuser sur la plateforme vers le continent. » (Mohamed BENHADDA, DJ Moh Green). Le secteur des ICC, qui représente déjà 1,8 % du PIB africain, voit son poids économique croître, avec des succès régionaux déjà bien implantés tels que Nollywood, dont le chiffre d’affaires s’élève à 7 milliards de dollars par an.
Le leadership féminin, moteur de transformation
Le sommet a également mis en avant la contribution des femmes entrepreneures africaines, figures emblématiques de résilience et de leadership. Des personnalités comme Denise EPOTE, Directrice Marketing Distribution de TV5 Monde ou Sophie TCHATCHOUA, Directrice Générale Canal Plus Rwanda, illustrent cette dynamique. Contrairement à l’Europe, où seulement 10 % des startups sont fondées par des femmes, ce chiffre atteint 26 % en Afrique (source : McKinsey Digital, 2024).
Cependant, les panélistes ont insisté sur l’importance d’éviter une approche victimaire. Les femmes immigrées ne doivent pas être réduites à des bénéficiaires de soutien, mais reconnues comme des actrices de l’excellence et du changement.
Une réflexion au cœur de l’avenir
Les diasporas africaines sont à la croisée des chemins entre l’Europe et l’Afrique. Elles jouent un rôle crucial dans la connexion des écosystèmes et l’émergence d’un développement économique durable. Une vision partagée par EMERGING Valley, le sommet tech qui tisse des liens entre les écosystèmes euro-méditerranéens et africains. Retrouvez-nous les 2 et 3 décembre 2024 à Marseille pour une édition d’une ampleur inédite.